Maria Sharapova, physique de top model, était déjà inaccessible sur le terrain du glamour: en devenant N.1 mondiale de tennis, elle a réussi l'impossible pari d'être aussi efficace sur les courts que sur papier glacé.
Lorsque l'ordinateur de la WTA a craché lundi le nouveau classement féminin, son nom est apparu tout en haut. Une première pour une Russe. Un inédit pour elle évidemment. Mais certainement pas un sentiment nouveau, tant elle est déjà habituée à fouler les sommets à 18 ans.
La consécration sportive ne fait que suivre une réussite éclatante sur le plan de l'image et du marketing. Grande, belle et sexy, cela fait un moment qu'elle bat toutes ses copines dans ce domaine.
Elle possède une ligne de vêtement et un parfum à son nom, prête son joli minois à une dizaine de marques et gagne pas loin de 90% de ses revenus hors des courts.
L'engouement populaire est au diapason. Le moindre de ses déplacements génère des attroupements géants. Au Japon, elle est adulée au point d'avoir un timbre à son effigie. Le design de sa prochaine tenue tient en haleine tous les magazines de mode de la planète.
Et lorsqu'elle dispute Wimbledon 2005 avec des chaussures incrustées d'éléments en or de 18 carats, c'est l'hystérie générale.
Un profil de rock-star qu'on a déjà connu dans le tennis avec une autre Russe, Anna Kournikova. Toute aussi belle et blonde, celle-ci a occupé l'espace médiatique comme aucune joueuse avant elle, mais n'a jamais gagné ne serait-ce qu'un tournoi.
Lorsque Sharapova perce sur le circuit en 2003, la comparaison est tentante. Tout le monde y cède avec un empressement fébrile. Mais la Russe abrège l'exercice en frappant un coup énorme: en 2004, elle remporte Wimbledon à 17 ans.
Une victoire sensationnelle qui aurait pu l'anéantir. Mais la jeune Russe continue à gagner. Sa volonté de progresser et sa combativité sur le court tranchent avec l'image très people qu'elle dégage en dehors.
Semaine après semaine, elle fait preuve d'un caractère et d'une maturité étonnants pour aller au-delà des apparences, ne pas céder à la facilité et résister au tourbillon qui l'entoure désormais en permanence.
L'origine de cette force mentale réside en grande partie dans un itinéraire très particulier. Née en Sibérie à l'ombre des raffineries de pétrole de Nyagan, elle a deux ans lorsqu'elle fuit avec ses parents à Sotchi par crainte des retombées du nuage de Tchernobyl.
Deux ans plus tard, elle tient en main sa première raquette. Puis, comme elle montre quelques talents, son père Youri l'emmène en Floride dans le camp d'entraînement de Nick Bollettieri. Avec 700 dollars en poche.
Le rêve américain tourne d'abord au cauchemar. "J'avais neuf ans, raconte-t-elle. Parce qu'elle n'avait pas de visa, ma mère n'a pas pu nous suivre et mon père a dû repartir. Pendant deux ans, je suis restée toute seule. C'était d'autant plus difficile que je partageais un dortoir avec des grandes filles qui me persécutaient."
Un environnement hostile qui endurcit la petite Maria dont le talent saute aux yeux de tout le monde. Robert Lansdorp, ancien coach de Tracy Austin et Pete Sampras, assure qu'il n'a jamais rien vu de pareil, la prend en charge et la mène au sommet.
"Quand on vient de nulle part et qu'on n'a rien, on a soif de tout et on a très envie de réussir", avance aujourd'hui Sharapova pour expliquer son succès.
Une "soif" qui devrait lui permettre de nouvelles conquêtes même si elle a déjà atteint son objectif N.1, alors qu'elle vient tout juste d'être majeure.
22 août 2005
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