La navigatrice Ellen MacArthur, qui sera décorée jeudi de la Légion d'honneur par le président français Nicolas Sarkozy, appartient au même club que Jane Birkin ou Kristin Scott-Thomas: celui des femmes britanniques que les Français adorent.
"Je suis très fière. Cela me touche d'autant plus que je suis anglaise. C'est un honneur immense, dans la même catégorie" que l'anoblissement par la reine en 2005 après son record du tour du monde en solitaire, estime MacArthur, installée sur l'île de Wight .
"Les Français m'ont toujours soutenue. Si aujourd'hui cela se vaut, jusqu'en 2005, j'étais plus connue là-bas qu'en Grande-Bretagne", poursuit-elle lors d'un entretien à l'AFP, dans un français parfait, à peine teinté d'un charmant accent.
Elle a brutalement accédé à la célébrité à 24 ans en terminant sur Kingfisher à la deuxième place du Vendée Globe Challenge 2001, tour du monde à la voile en solitaire sans assistance et sans escale, épreuve prestigieuse mais immensément plus populaire en France qu'en Grande-Bretagne. "Au départ, il n'y avait pas une chaîne nationale britannique", se souvient MacArthur.
Dès son retour aux Sables d'Olonne après 94 jours 4 heures et 25 minutes de mer (meilleure performance de l'histoire pour une femme), le public français se prend d'affection pour la petite Britannique spontanée à la bouille ronde d'adolescente.
Hors du monde de la voile, elle retire de son exploit une notoriété sans comparaison avec celle du vainqueur, le Français Michel Desjoyaux, renforcée par les conditions souvent dantesques de cette édition. "Si vous avez vraiment un rêve, vous pouvez le réaliser, c'est possible. Mon rêve à moi, c'était la mer", lâche-t-elle alors.
Les médias français renforcent sa cote en narrant l'histoire de l'enfant qui a grandi dans la campagne du Derbyshire, tombée amoureuse de la mer en lisant les livres d'aventure pour enfants d'Arthur Ransome ou ceux de Robin Knox-Johnston, autre solitaire britannique célèbre.
MacArthur, qui a commencé la voile à quatre ans sur le bateau d'une tante, raconte qu'elle économisait "chaque penny" de sa cantine, pour s'acheter à 13 ans un dériveur. Avec son premier "quillard", acquis deux ans plus tard, elle fait le tour des îles britanniques, et devient skipper professionnel à 17 ans.
Ses mentors, qui l'initieront au grand large et aux mystères de la météo, seront deux Français, conquis par sa détermination, Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe en 1993, et Yves Parlier, lauréat de la Route du Rhum en 1994, épreuve que MacArthur remporte (dans la catégorie monocoque) en 1998 et 2002.
Paradoxalement, MacArthur a dû attendre 2005 et son record du tour du monde à la voile en solitaire sur Castorama/B&Q (71 j, 14 h, 18 min et 33 sec, battu en janvier par Francis Joyon) pour atteindre la même notoriété chez elle.
A l'instar de son illustre devancier, Francis Chichester, MacArthur est anoblie par la reine dès son retour. Elle est une des plus jeunes de l'histoire à recevoir cet honneur.
Mais, celle qu'il convient désormais d'appeler Dame Ellen dans son pays, femme d'affaires avisée, active dans son engagement associatif en faveur des enfants malades, peine à gagner unanimement le coeur de ses compatriotes comme elle a conquis celui des Français.
Dans l'émission satirique de la BBC, Dead Ringers, elle est présentée comme un personnage ombrageux. Un portrait que ne reconnaîtraient pas ses confrères de voile ou ses nombreux admirateurs de l'autre côté de la Manche.
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