15 septembre 2006

Isabelle Adjani, reine vénérée dans "Marie Stuart" malgré un texte faible

Isabelle Adjani incarne jusqu'au 31 décembre au Théâtre Marigny à Paris la reine déchue Marie Stuart avant son exécution, un rôle qui lui vaut l'ovation d'un public indulgent envers la pièce de Wolfgang Hildesheimer adaptée et mise en scène par Didier Long.
Pour son retour sur les planches après six ans d'absence, l'actrice française voulait interpréter un de ces rôles d'héroïne tragique ou de figures féminines historiques qu'elle affectionne, après notamment Marguerite Gautier ("La Dame aux camélias" de Dumas fils) au théâtre et la reine Margot au cinéma.

Son choix s'est porté sur une pièce écrite en 1970 par un dramaturge allemand méconnu en France, Wolfgang Hildesheimer (1916-1991), qui évoque les deux dernières heures de la vie de Marie Ière Stuart, décapitée le 8 février 1587 sur les ordres de la reine Elisabeth, contre laquelle elle avait conspiré.

Mise en scène au Marigny par le Français Didier Long, Isabelle Adjani assume le fait d'apparaîre les cheveux gras et dans l'habit blanc souillé d'une souveraine qui a abdiqué en 1567, après avoir été reine d'Ecosse (1542-1567) et une éphémère reine de France (1559-1560).

Elle ne quittera plus la scène, cette prison aux murs rouge sang où le bourreau (Patrick Rocca, idéalement drôle et bourru) se prépare à l'action. Ceux qui ont entouré ou servi Marie Stuart par le passé se joignent à ce funèbre compte-à-rebours qui fait remonter, à l'heure de vérité, les désirs de vengeance et les petites lâchetés de chacun.

Isabelle Adjani, actrice de 51 ans aux quatre Césars, offre une composition assez fouillée de ce personnage dont elle est proche en âge, une catholique mystique qui n'a pas perdu toute cruauté et que la mémoire et la raison, çà et là, abandonnent. Convaincante quand elle joue l'apaisement, elle manie moins sûrement l'indignation avec sa voix devenue à certains instants étrangement grave.

Bien qu'écrasés par la notoriété de leur partenaire, les autres comédiens ne déméritent pas, à l'image de l'impitoyable Gervais de Jacques Zabor, du Médecin fielleux de Jean-Yves Chatelais et du Doyen bien caractérisé d'André Chaumeau.

Mais le spectacle est tiré vers le bas par le texte, que Didier Long aurait gagné à condenser pour maintenir un souffle dramatique constant. Dans la bouche d'Isabelle Adjani, qui entretient une relation complexe avec son image publique en général et la presse en particulier, certains mots de cette Marie Stuart ("Tout ce qu'on a colporté sur moi m'a tué", "Je pense que je vaux mieux que ma réputation", etc.) se teintent toutefois d'une douce ironie.

Le public, en tout cas, réserve à cette comédienne aux nombreux fans un accueil plus qu'enthousiaste - les "Bravo Isabelle !" fleurissent -, tandis que l'intéressée, visiblement émue, peut passer aux saluts du sourire aux larmes.

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